La fin du voyage

Il faisait chaud, le Soleil était de plomb.
Cela faisait maintenant deux ans et demi qu'Anoriar, l'elfe noir, errait sans but. Tout espoir l'avait quitté, sa marche était mécanique comme si ce n'était pas son esprit qui controlait ses mouvements.

Ses pas l'avaient guidés devant les portes de la magnifique cité de Keltia, où auparavant il y eut un mariage tout aussi magnifique. Les portes étaient ouvertes, aucun soldat ne la gardait.
Il fit quelques pas dans la rue principale, qui était déserte.
L'elfe marcha jusqu'à une fontaine asséchée, il lacha son arme comme s'il ne pouvait plus la porter, et se laissa tomber contre le marbre de la fontaine.

- C'est ici que ma route s'arrête...

C'est par une petite soirée qu'Elvina, entre les beaux murs de la cité de son mari, envoyait un page porter une missive. Elle le regardait s'en aller par une vitre en parcourant la cour quand une expression de surprise s'afficha sur son visage.
Quelqu'un était agenouillé, auprès de la fontaine de la rue principale. Sans chercher qui cela pouvait être, l'elfe descendit en courant jusqu'à l'inconnu.
Alors, s'approchant de la fontaine, asséchée par le soleil, elle vit une arme à terre. Elle identifia la personne et reconnu très vite un elfe, le visage baissé. La jeune femme s'approcha en questionnant l'inconnu quand elle aperçut son visage, c'était Anoriar !
Un bon ami à elle et son mari par la même occasion...

Anoriar s'était endormi, en attendant que la Mort l'emporte. Il fut vite égaré dans un mauvais rêve : il voyait ses terres dévastées, son palais se faire piller, des brigands égorgeaient les villageois. L'elfe était là, debout au milieu du massacre, il criait sans qu'aucun son ne put sortir de sa bouche, et était paralysé, condamné à voir l'horreur. Soudain tout disparut, et le paysage s'éclaircit. Une lumière interne s'éveilla dans son corps et le força à ouvrir les yeux.

C'est alors qu'il vit avec difficulté une silhouette resplendissante. Aveuglé par sa beauté, il mit une main devant ses yeux. Une sensation presque nouvelle se répandit dans son coeur. Il n'avait pas vu une telle beauté depuis très longtemps.
Il baissa alors sa main, et put distingué la belle Elvina.

- Qu'est-ce que c'est ?

L'elfe s'agenouilla près de lui. Il avait l'air fatigué, des gouttes de sueurs roulaient le long de son visage. Mais avant de chercher à la questionner, elle lui prit le bras pour l'aider à se lever et attrappa l'arme de l'autre main.

On va s'occuper de toi à l'interieur, dit-elle sans lui demander son avis.

Anoriar se leva difficilement et marcha avec autant de difficulté tout en s'appuyant sur l'épaule d'Elvina.
On sentait aussi qu'Elvina avait autant de mal à porter l'épée d'Anoriar, que son propriétaire lui-même. La lame était lourde... lourde de toutes les âmes qu'elle avait avalée... Et elle n'était plus comme avant, elle n'était plus aussi lisse. Elle était rongé par le temps et par l'orgueil.

L'elfe noir put dire avec difficulté :

- Où... allons-nous ? Pourquoi... est-ce que.... tu m'aides ?...

Elvina demanda à un page de transporter l'épée jusqu'à une chambre pour aider plus facilement le souffrant.

Je t'aide parce que tu es blessé et que tu es mon ami, et on va te guérir à l'interieur.

Elle l'aida à monter les marches d'un grand escalier.

Anoriar était allongé sur un lit, il pouvait voir les étoiles par la fenêtre. Quand soudain il aperçut une étoile filante par la fenêtre, puis une autre, et une troisième.
Aussitôt il se leva, pris son épée, et remercia son amie Elvina.

- Il semblerait que mon voyage ne soit pas tout à fait terminée en réalité. Je dois partir maintenant, on m'attend quelque part.

Il se dirigea vers la sortie en boitant à moitié, puis s'arrêta.

- Je suis sûr que nous nous reverrons bientôt...

Puis il s'en alla en direction de l'endroit où les étoiles filantes étaient apparues.